11 avril 2022

L’Annonciation de la Mère de Dieu

 

Traduction pour l'un de nos paroissiens de l’allocution vidéographique du père Oleg STENYAEV, à l’occasion de l’Annonciation de la Mère de Dieu. (Chaine YouTube « БИБЛИЯ и толкования - Экзегет.ру »)


L’Evangile qui se rapporte à cette fête est celui de Luc, au premier chapitre, du verset 26 au verset 38.

L’Ecriture commence par ces mots : « Au cours du sixième mois, l’Ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth. » (26). Il est question du sixième mois depuis la conception de Jean Baptiste, nous le verrons un peu plus tard.

Ainsi, un ange de Dieu, l’archange Gabriel est envoyé auprès d’une humble jeune fille de Nazareth, une ville de Galilée.

Et nous lisons ci-après : « Vers une vierge fiancée a un homme de la maison de David qui avait pour nom Joseph. Le nom de cette vierge était Marie » (27). On peut immédiatement se poser la question : comment se peut-il que la vierge de laquelle allait naitre le fils de Dieu est déjà mariée ? Les Saints Peres de l’Eglise, en guise de réponse, nous disent qu’il fut ainsi fait afin de cacher du diable la vierge dont devait naitre le fils de Dieu. En effet, le diable est omniprésent et voit tout. Comme toute créature de Dieu, il a une existence dans le temps et l’espace. Aucun besoin, ici, de lui attribuer des caractéristiques divines telles que la toute-puissance ou l’omniscience car il n’en est rien, le Seigneur fixant toujours une limite aux forces du Mal, une limite qu’elles ne peuvent franchir.

Nous poursuivons : « Il [l’Ange de Dieu] entra chez elle et dit « Réjouis-toi pleine de grâce ! Le Seigneur est avec toi ! ». Ici nous remarquons l’angélique salutation pleine de joie à l’humble vierge de Nazareth.

La Tradition de l’Eglise nous apprend que la vierge était mariée a Joseph afin qu’il puisse veiller sur le vœu de chasteté prononcé par Marie, ce dont nous aurons le cœur net avec le texte qui nous est transmis de l’Ange de Dieu la saluant avec ces mots : « Réjouis-toi pleine de grâce ! Le Seigneur est avec toi ! Tu es bénie parmi toutes les femmes. »

Il faut dire ici, qu’a cette époque, toute jeune fille juive encore vierge rêvait de devenir la mère du Messie. Aussi, ces jeunes vierges faisaient souvent le deuil de leur virginité comprenant qu’elles n’étaient pas dignes d’être appelées « mère du Messie » et, seule la vierge qui, vraisemblablement, n’avait ce rêve d’aucune manière, fut rendue digne de cette grâce venue des cieux.

On pourrait supposer que la vierge Marie aurait dû se réjouir du fait de l’heureuse nouvelle qu’annonce l’archange. Pourtant, en entendant ces paroles « Le Seigneur est avec toi, tu es bénie parmi toutes les femmes » (28) c’est à dire, choisie parmi toutes, sa réaction est toute autre : « Elle, a ces mots, fut bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait bien être cette salutation-là. » (29).

« L'ange lui dit: « Ne crains pas, Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu. (31) Tu vas concevoir, et tu enfanteras un fils auquel tu donneras le nom de Jésus. (32) Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. (33) Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura pas de fin. » » Il semblerait que par ces mots - qui la consacrent au mystère de l’Annonciation que d’elle naitra le Messie, le Christ fils de Dieu - elle doive éprouver un enthousiasme grandiose. Au lieu de cela, elle pense en premier lieu à sa promesse, la sauvegarde de sa virginite : « (34) Marie dit à l'ange: Comment en sera-t-il ainsi, puisque je ne connais pas d'homme? ».

Nous pouvons en déduire que si son mariage avec Joseph avait supposé quelque intime relation, elle ne serait pas étonnée et ne poserait pas la question. Or elle pose la question car sa relation avec Joseph n’implique aucun rapprochement charnel, le rôle de Joseph étant de préserver la virginité de Marie.

Comme il nous est rapporté par les écrits, Joseph était veuf et avait des enfants que l’Evangile mentionne comme « frères et sœurs de Jésus Christ » (Jacques, Joseph, Simon et Jude (Matthieu 13.v55). sœurs (Matthieu 13.v56)).

Par la suite, « (35) L'ange lui répondit: Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. » L’ange la calme et lui certifie que sa virginité ne sera pas corrompue, mais aussi qu’elle est maintenant consacrée a un mystère : celui d’enfanter le Christ tout en gardant la virginité. Pour renforcer la confiance de Marie, l’ange lui fait alors part d’un présage: « (36) Voici, Elisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile en est à son sixième mois. (37) Car rien n'est impossible à Dieu.», ce fameux « sixième mois » qui nous était mentionné au début de cet Evangile de la fête. Nous remarquons également qu’Élisabeth est appelée « stérile » ce qui signifie qu’elle ne pouvait enfanter. Or à l’époque, les stériles étaient soupçonnés de lourds péchés qu’ils gardaient secrets.

L’Ange raffermit donc le cœur de Marie en lui faisant part de ce présage et que répond Marie à cette annonce ?

« (38) Marie dit: Je suis la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon ta parole! Et l'ange la quitta. »

A vrai dire, la réponse de Marie, n’est pas uniquement la sienne. C’est comme si Marie parlait au nom de tout le genre humain ; est-il capable de s’unir au Fils de Dieu et ne faire qu’un avec Lui tout en restant indivisible, immuable dans sa relation a Lui ?

Elle parle aussi en tant que représentante du sexe féminin crée par Dieu. Il faut se souvenir ici que c’est en notre première mère Eve que s’éteignit la lumière du Saint Esprit en ce monde or c’est maintenant par l’intermédiaire de la vierge Marie qu’il doit resplendir à nouveau.

Marie dit « […] qu'il me soit fait […] ». En parlant a la première personne, elle veut dire « nous, tous les habitants de la terre », car après qu’en son sein se fasse l’union du divin et de l’humain, du céleste et du terrestre, nous accueillons tous Dieu en nous (St Grégoire de Nysse). Dès lors, par le pouvoir divin de Dieu le Père, le Dieu Fils, par son humanité, devient consubstantiel à chaque être humain vivant sur Terre.

A la suite de la réponse de Marie, résulte le mystère de la rencontre entre Dieu et l’humain : l’Incarnation de Dieu ; la conception dans le sein de la Sainte Vierge Marie du Fils de Dieu par l’Esprit Saint.

En vérité, cette fête célèbre l’union entre le ciel et la terre, Dieu et l’Homme dans le cœur de la très humble Vierge Marie qui a fait siennes les paroles de l’Ange et qui, en son sein, accueillera l’incarnation de Dieu, le Christ.

Ainsi donc, la Vierge Marie est la première personne ayant accueilli l’Esprit-Saint en elle, on peut dire que sa Pentecôte survient le jour de l’Annonciation. Mais elle devient également la première personne qui communie à l’Incarnation du Christ-Dieu.

En ce jour, avec l’Archange Gabriel, tels ses enfants dévoués, nous lui proclamons :

« Réjouis-Toi Marie pleine de grâce, le Seigneur est avec Toi ! »