OFFICES POUR L'ANNEE 2026
Saint Jean de Shanghai (Meudon) - Saint Michel (Bruxelles) - Saint Tikhon (Genève)
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Vêpres : Chaque samedi à 18h00
Liturgie : Chaque dimanche à 09h00 (Matines à 06h30)
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Attention : La Liturgie du 11/09 (NS) est annulée
Par les Evêques Cyprien d’Oraioi et Clément de Gardikion, de l’Eglise des Véritables Chrétiens Orthodoxes de Grèce. Edité par le sous-diacre Nektarios, M.A. Traduit de l’anglais par le diacre Alexandre, avec la bénédiction de Monseigneur Ambroise de Méthone.
Texte original : https://www.orthodoxtraditionalist.com/post/the-8th-9th-ecumenical-councils
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Pour la majorité des Chrétiens Orthodoxes, notre première approche de l’histoire de l’Eglise Orthodoxe passe par la lecture de l’ouvrage intitulé « L’Orthodoxie : L’Église des Sept Conciles » du Métropolite Kallistos (Ware). Dans ce texte d’introduction bien connu et largement diffusé, on lit que La vie de l’Eglise au début de la période byzantine est entièrement dominée par les sept conciles généraux» [1].
Cependant, dans l’histoire de l’Eglise Orthodoxe, et enfouis dans la langue grecque, se trouvent deux autres Conciles, moins connus mais d’une autorité d’égale importance : le huitième Concile œcuménique (879-880), tenu dans la cathédrale Sainte-Sophie à Constantinople, et le neuvième Concile œcuménique, composé de trois assemblées synodales distinctes (1347-1351).
Le huitième Concile œcuménique s'est tenu à Constantinople dans la cathédrale Sainte-Sophie entre novembre 879 et mars 880, durant le second patriarcat de l’archevêque Photios Ier de Constantinople (877-886), sous le règne de l’empereur Basile le Macédonien (867-886).
Ce concile fut convoqué par le Saint Patriarche « dans le but de rétablir, d’une part, la paix et l’unité dans l’Église de Constantinople, et d’autre part, la pleine communion entre les Églises de l’Ancienne et de la Nouvelle Rome » [2].
Cependant, la restauration de la pleine communion entre Constantinople et Rome ne put être réalisée, en raison de décisions antérieures dirigées contre la personne même de Saint Photios le Grand par les papes Nicolas Ier (858-867) et Adrien II (867-870), et surtout du fait des décisions prises par le faux synode latin de Constantinople tenu en 869-870. Ce brigandage n’a jamais été reconnu par l’Eglise Orthodoxe, bien que, depuis le XIᵉ siècle, les catholiques romains le considèrent comme le soi-disant « huitième Concile œcuménique ».
Les décisions iniques et non canoniques prononcées par les papistes contre le Patriarche Photios à Rome (863 et 869) et à Constantinople (869-870) provoquèrent un schisme. Ce dernier fut levé par le véritable huitième Concile Œcuménique (879-880), c’est pourquoi les orthodoxes l’appelèrent « Concile de l’union ». Il est évident que Saint Photios, en tant que président de ce Concile unificateur, « contribua grandement au rétablissement de la paix ».
« Sans aucun doute, le Concile de 879-880, qui s’est réuni dans l’Église de la Sagesse de Dieu sous la présidence du grand et très sage Patriarche Photios, avec la participation officielle de représentants de tous les autres patriarches et qui a délibéré librement et décidé, conformément aux précédents Conciles, sur des sujets d’une importance fondamentale, porte non seulement les marques extérieures, mais aussi toutes les caractéristiques intérieures d’un Concile œcuménique, promulguant des décisions capitales pour l’ensemble de l’Église » [3].
Sous la Sainte direction du Patriarche œcuménique Photios, ce Concile réunit trois cent quatre-vingt-dix évêques et représentants épiscopaux. Le pape Jean VIII y envoya trois délégués, et des représentants des trois patriarcats d’Orient y participèrent également. Les travaux commencèrent en novembre 879 et s’achevèrent en mars 880, avec un total de sept sessions.
Les actes de ce concile historique, conservés dans la cathédrale Sainte-Sophie, ont été préservés jusqu’à nos jours. Publiés pour la première fois en grec en 1705 par le patriarche Dositheos de Jérusalem à partir d’un manuscrit conservé au monastère d’Iviron au Mont Athos, ils sont traduits pour la première fois en anglais en 2023, par les éditions Uncut Mountain Press.
Le huitième Concile œcuménique de 879-880 est l’un des plus importants de l’histoire de l’Eglise Orthodoxe. Rassemblant trois cent quatre-vingt-dix Pères de l’Église, de l’Orient comme de l’Occident, représentant l’ensemble des cinq patriarcats originels, il constitua un événement majeur, sans commune mesure depuis le quatrième Concile œcuménique de Chalcédoine.
Quelles sont les caractéristiques qui font de ce concile un Concile œcuménique, au même titre que les sept plus connus ?
En plus de tous ces éléments, ce Saint Huitième Concile œcuménique fut à nouveau affirmé comme œcuménique lors du Synode de Constantinople en 1484, qui déclara :
« Un concile œcuménique, réuni en effet dans la Reine des Cités sous le bienheureux Photios, président de Constantinople, condamna à jamais ceux qui prétendent que le vénérable et très Saint Esprit tire aussi son existence du Fils, et ceux qui oseraient ajouter ne serait-ce qu’un mot au Crédo » [5].
L’œuvre accomplie par le Saint huitième Concile œcuménique de 879-880 fut capitale, tant pour cette période troublée que pour l’avenir de l’Église : il œuvra dans un esprit d’unité, fondé sur la vérité dogmatique et la tradition canonique ; il condamna la modification du Crédo par l’ajout du Filioque ; il ratifia le Symbole sacré (Credo de Nicée) tel qu’il nous a été transmis par les deux premiers Conciles œcuméniques ; et il rejeta la déformation de la simple Primauté d’honneur due à l’évêque de Rome, lequel l’avait transformée en une Primauté de pouvoir administrative sur toute l’Église — évolution qui mena plus tard aux doctrines papistes hérétiques que nous connaissons aujourd’hui.
Saint Photios le Grand ayant également agi dans un esprit d’unité, récusa la conception hérétique de la Primauté de pouvoir du Pape et l’altération du Symbole de Foi avec des arguments irréfutables. Il exposa les positions orthodoxes avec franchise et clarté et il invita les légats du pape Jean VIII à renoncer à leurs erreurs, qui avaient conduit au schisme de 867.
Saint Nectaire de Pentapole affirma avec force :
« Le huitième Concile œcuménique revêt une grande importance [car] en ce concile Photios triompha…, ses luttes pour l’indépendance de l’Église d’Orient furent couronnées d’un succès total et la vérité de l’orthodoxie, pour laquelle il avait tant peiné, prévalut… En un mot, le triomphe fut total : un triomphe politique, ecclésiastique et personnel » [6].
Le fait que nous ayons conscience que le grand concile de 879-880, réuni à Sainte-Sophie, fut l’œuvre du visionnaire Photios de Constantinople — Confesseur de la Foi et Egal aux Apôtres, auguste Père et enseignant œcuménique de l’Église — nous pousse à croire que : « L’honneur le plus approprié pour le Saint… est que ce concile soit compté comme le huitième, aux côtés des sept autres Conciles œcuméniques » [7].
Avant d’aborder brièvement la question des Synodes hésychastes du XIVe siècle, il est nécessaire de rappeler quelques éléments concernant la vie de Saint Grégoire Palamas.
Saint Grégoire naquit à Constantinople en 1296, de parents aristocrates croyants et pratiquants. Elevé dans la piété dès ses premières années, il fit croître au plus haut point ses dons innés et acquis. Il étudia la philosophie et semblait destiné à une brillante carrière dans les hautes sphères du gouvernement. Cependant, son ardent désir de Dieu, qui le consumait, orienta ses pas vers la voie du renoncement monastique. Il mena alors une vie ascétique avec une profonde rigueur et une grande abnégation, au mont Papikion en Thrace, au Mont Athos (sa principale résidence) et dans le skite de Béroia. Il vécut dans l’obéissance, l’humilité, la prière, la repentance, l’abstinence, la maîtrise de soi, l’étude et le service. Il fut purifié et illuminé par la Lumière Divine qu’il recherchait depuis sa jeunesse avec une véritable soif spirituelle. (« Éclaire mes ténèbres » était sa prière constante !). Il donna son sang et reçut l’Esprit[1].
Il reçut d’en haut le charisme de la théologie, devenant un théologien infaillible de la Tradition. En tant que Prophète de la Nouvelle Grâce, il fut véritablement le porte-parole de Dieu, un héraut de la Grâce et un fléau des hérésies. Confesseur de la foi, il fut emprisonné en 1343 et déposé par les partisans de l’hérésie en 1344. Il fut libéré, réhabilité et consacré hiérarque en 1347. S’endormant dans le Seigneur en novembre 1359, sa Sainteté fut proclamée peu après, en 1368, grâce à ses nombreux et impressionnants miracles.
Saint Grégoire Palamas est connu comme théologien hésychaste et son principal champion. Il ne s’agissait pas d’une innovation, créée a posteriori sous l’influence de principes, systèmes et sources étrangers à l’Eglise. L’hésychasme existe dans l’essence et au cœur même de notre foi évangélique. C’est la piété orthodoxe, la voie et la méthode de purification intérieure de l’homme et de son retour vers Dieu. C’est l’ascèse et la lutte contre les passions par la repentance et la vertu. C’est l’expulsion attentive et persistante des pensées mauvaises et la garde du cœur afin qu’elles n’y pénètrent pas. C’est la vigilance, c’est-à-dire le rassemblement de l’intellect (νοῦς) dans le cœur, principalement à travers la prière continue (« Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi ! »). C’est la componction (πένθος), l’auto-condamnation, l’effort, la peine corporelle et le changement d’inclinaison vers une vie de rectitude, afin d’obtenir la miséricorde divine. C’est la joie du culte, la participation Eucharistique et Liturgique, l’union avec Dieu et avec les hommes dans la Vérité et la Grâce. C’est une vie sociale saine, faite de sacrifices et de don de soi.
Forts de leur expérience inspirée par le Saint-Esprit, les Saints hésychastes, et en particulier Saint Grégoire Palamas, savaient que Dieu, comme Il l’a promis, se rend accessible à l’homme, demeurant en lui, s’unissant à lui et lui communiquant Sa vie divine, le rendant Dieu par sa Grâce et le déifiant. Dieu agit, et Son énergie divine incréée, procédant naturellement de Son essence, devient appréhendable sous forme de Lumière, déifiant l’homme. Cette Lumière est celle même de la Transfiguration qui resplendit sur le Christ au mont Thabor. Elle dépasse infiniment toute connaissance et compréhension humaine. Il s’ensuit qu’en Dieu, il y a une distinction entre l’Essence, complètement inaccessible et incommunicable aux créatures, et l’Énergie, accessible et communicable, déifiante et sanctifiante pour l’homme.
Ce précieux trésor issu de l’expérience des Saints fut non seulement mis en doute mais aussi dénigré et insulté par un « grec uniate », Barlaam le Calabrais. Théologien et philosophe scolastique, il enseigna en Orient, utilisant la logique et la spéculation au détriment de la vision de Dieu. Il attaqua les moines, la prière, ainsi que la distinction en Dieu entre Essence et Énergie. Il tourna en dérision la prière noétique, rejeta la distinction entre Essence et Énergie divines, ainsi que l’idée que l’Énergie de Dieu est incréée. Il traita d’illuminés se fourvoyant, ceux qui recevaient la Lumière divine et considéra la Lumière du Thabor comme étant à la portée de la compréhension humaine. À l’inverse, il jugeait les spéculations de l’esprit humain incomparablement supérieures, conférant à la philosophie une valeur « rédemptrice ».
Pourtant, s’il n’y a pas de distinction entre Essence et Énergie divines et si l’Énergie de Dieu est créée, comme l’affirmaient Barlaam et les catholiques romains, il n’y a aucune possibilité de salut. Si le Soleil noétique de Justice existe, mais ne rayonne pas sur le monde et sur nous par Ses rayons divins afin de nous vivifier et de nous tirer, par la repentance, des profondeurs de notre chute vers la Lumière de Sainteté, alors Il n’a aucun lien avec nous, aucune influence directe sur nous. Nous demeurons alors non rachetés, enchainés dans notre agnosticisme.
L’absence de cette distinction conduisit le papisme au Filioque, au légalisme, au moralisme, à la conception du pape comme médiateur entre la terre et le Ciel, à son double pouvoir de « super-évêque » et de chef d’un État temporel, à la dévalorisation du monde matériel, au célibat clérical obligatoire, au baptême par aspersion, à une conception divergente de l’Incarnation, de la Croix et à diverses formes de sécularisation.
Cette incursion occidentale attaqua le cœur de l’Orient : l’hésychasme. Par la Divine Providence, l’hésychasme eut pour défenseur, en ce moment critique, son plus éminent représentant : Saint Grégoire Palamas. Le Saint porta la charge de la lutte contre les manœuvres de Barlaam et joua un rôle déterminant dans la résolution du conflit par les voies ecclésiales traditionnelles. Ce combat n’était ni personnel ni opportuniste : il fallait définir et sauvegarder la foi contre toute attaque future, et le moyen adapté était la procédure synodale.
L’Eglise Orthodoxe considère qu’un grand concile, et à plus forte raison un concile œcuménique, possède le critère suprême de l’ecclésialité. Il traite des graves questions de foi et d’ordre ecclésial -plus encore lorsque la question du salut est en jeu-. Barlaam, ainsi que ses continuateurs Akindynos et Grégoras, provoquèrent un conflit entre Orient et Occident en cherchant à implanter à l’Est une mentalité occidentale hérétique et étrangère. Ce problème crucial devait donc être tranché à un niveau conciliaire.
La question était dogmatique et touchait directement à la question du salut : de même que les anciens ariens enseignaient que le Verbe de Dieu était créé, Barlaam enseignait que l’Énergie de Dieu était créée. Cette question venait dans le prolongement de l’enseignement du VIe concile œcuménique sur les volontés et énergies dans le Christ : de même que la nature humaine du Christ avait une volonté et une énergie créées, sa nature divine avait une volonté et une énergie incréées.
Le premier Concile hésychaste se réunit le 10 juin 1341 dans la cathédrale Sainte-Sophie de Constantinople. L’empereur Andronic III Paléologue convoqua et présida le Synode. Y participèrent le patriarche Jean XIV Kalékas (1334–1347), des évêques, archimandrites, higoumènes, sénateurs, autres dignitaires, ainsi qu’une multitude de personnes issues du peuple. Les séances étaient publiques, et l’intérêt général était grand. Les accusations de Barlaam contre les hésychastes visaient essentiellement la question de la Lumière du Thabor et la prière de Jésus. Saint Grégoire Palamas, hiéromoine athonite et chef des hésychastes, défendit la juste foi sur ces sujets.
La Lumière de la Transfiguration n’était ni matérielle ni transitoire ; elle n’était pas une gloire extérieure du corps, mais la gloire et la splendeur de la divinité hypostatiquement unie au corps. De plus, ce n’était pas l’Essence divine, mais son Énergie et sa Grâce, accessibles et communicables à ceux qui en sont dignes. Ainsi, la « distinction ineffable » entre l’Essence et l’Énergie en Dieu et leur « union surnaturelle » furent solennellement reconnues, et l’accusation de « dithéisme » contre Saint Grégoire fut rejetée. Il fut reconnu l’origine scripturaire et patristique de la Prière de Jésus, et toute accusation à son encontre fut repoussée.
Barlaam, se trouvant en difficulté, demanda pardon et plaida l’ignorance. Mais, comme le montra la suite — puisqu’il répandit à nouveau le venin de son hérésie et se réfugia en Italie, où le pape le consacra évêque — son repentir était feint.
Après la fuite de Barlaam, la lutte anti-hésychaste fut reprise par Grégoire Akindynos, qui remis en doute la résolution de la question dogmatique de la distinction Essence–Énergie. Pour cette raison, un nouveau concile dut être convoqué en août 1341, toujours à Sainte-Sophie, sous la présidence du « Grand Domestique »[2] Jean VI Cantacuzène. Il assurait alors la régence de l’empereur Jean V, alors mineur, Andronic III étant mort quelques jours après le concile de juin. Le patriarche Jean Kalékas y participa, ainsi que tous les participants du concile précédent. Akindynos et ses partisans furent condamnés comme partageant les mêmes conceptions hérétique que Barlaam.
À la suite de cela, un Tomos commun aux conciles de juin et août 1341 fut rédigé, consacré principalement à la question dogmatique de la Lumière du Thabor, et exprimant la pensée de Saint Grégoire Palamas. Dès la fin de 1340, Saint Grégoire, pour préparer sa lutte contre Barlaam, s’était retiré au Mont Athos, où il composa le célèbre Tome Hagiorétique «Défense des Saints hésychastes», texte dogmatique décisif qui assurait la victoire de la position orthodoxe. C’est pourquoi, rétrospectivement, il put dire : « Le Tome Hagiorétique et le Tome synodal[3] sont notre confession. » Après le concile de 1341, les hautes autorités appelaient Saint Grégoire « maître de piété, mesure des dogmes sacrés, pilier de la juste foi et champion de l’Église ».
Peu après, une grave guerre civile éclata dans l’Empire, due à l’ingérence du patriarche Jean Kalékas dans les affaires d’État, et la « controverse hésychaste » reprit. Le patriarche et Saint Grégoire s’opposèrent au travers des factions divergentes. Akindynos revint sur le devant de la scène, soutenu par le patriarche ; et le Saint, ayant rompu la communion avec ce dernier, fut emprisonné (1343) et prétendument excommunié (1344). Saint Grégoire considéra cette excommunication comme nulle et non avenue.
Mais le prestige croissant du Saint, son combat contre les hérésies via ses écrits et ses œuvres spirituelles, les erreurs du patriarche latinophile et l’évolution politique aboutirent à la convocation d’un nouveau Concile au palais impérial de Constantinople, le 2 février 1347. L’impératrice Anne Paléologina le présida avec son jeune fils Jean V. Le patriarche Jean Kalékas, accusé, fut absent, mais des hiérarques, sénateurs, le protos du Mont Athos, des moines et hauts fonctionnaires étaient présents.
Le Tomos de 1341 fut confirmé et les écrits du patriarche furent jugés hétérodoxes. Akindynos fut condamné, et Saint Grégoire, loué. Le patriarche fut déposé pour son inclinaison déviante envers les doctrines latines -dont la primauté papale-, pour sa condamnation injuste de Saint Grégoire et pour avoir ordonné Akindynos l’hérétique.
Le patriarche Isidore Boucharas, hésychaste, fut consacré, et Saint Grégoire, élu métropolite de Thessalonique. Cependant, une forte opposition subsista et au moins vingt-deux hiérarques convoquèrent un contre-concile en juillet 1347, condamnant le patriarche Isidore et Saint Grégoire comme « auteurs d’hérésie » !
Après la mort d’Akindynos et de l’ex-patriarche Kalékas, Nikephoros Grégoras reprit la lutte anti-hésychaste. À la mort du patriarche Isidore, Calliste Ier, moine athonite hésychaste, monta sur le trône patriarcal (1350). On jugea nécessaire la convocation d’un nouveau concile afin de rétablir la paix et de mettre fin définitivement à la controverse.
Le troisième Synode hésychaste, dit « divin et sacré », se réunit le 28 mai 1351 au palais des Blachernes, convoqué par l’empereur Jean VI Cantacuzène et le patriarche Calliste. Il surpassa les deux précédents par le nombre de hiérarques et d’érudits présents : trente-deux évêques dont Saint Grégoire, des membres de la famille impériale, sénateurs, magistrats, higoumènes, archimandrites, prêtres, moines et laïcs.
Les opposants critiquèrent l’ajout de formules hésychastes dans la profession de foi des nouveaux hiérarques, ainsi que certaines expressions des écrits de Saint Grégoire, mais leurs objections furent réfutées. Saint Grégoire présenta une « confession de foi » qui fut approuvée. Les Tomoi de 1341 et 1347 confirmèrent l’hétérodoxie des adversaires.
En cinq sessions, le Concile formula six déclarations dogmatiques, résumées ainsi :
- Il existe une distinction entre l’Essence divine et l’Énergie divine. Elles diffèrent l’une de l’autre en ce que l’Énergie divine est communiquée et se divise sans se séparer, qu’elle est nommée et, d’une certaine manière, comprise à partir de ses effets, quoique de façon obscure. L’Essence divine, quant à elle, est incommunicable, indivisible et sans nom, c’est-à-dire entièrement au-delà de tout nom et incompréhensible.
- Le Concile confirma les Tomoi des conciles de 1341 et de 1347, anathématisa Barlaam et Akindynos, et excommunia ceux qui partageaient leurs opinions, imposant de même un anathème à ceux qui communiaient sciemment avec les hérétiques, en considérant que le clergé parmi eux était entièrement privé de « tout ministère sacerdotal ». Toutefois, les membres du clergé qui se repentirent et déclarèrent avoir été égarés par les hérétiques furent admis à la communion ecclésiale sans que l’on remette en question leur sacerdoce.
À l’issue du Concile, un Tomos fut rédigé, signé finalement par trois empereurs, trois patriarches et plus de cinquante hiérarques. La doctrine hésychaste fut incorporée au « Synodikon de l’Orthodoxie », qui est lu chaque année le dimanche de l’Orthodoxie. Les principales propositions dogmatiques contenues dans le « Synodikon de l’Orthodoxie », exprimant l’enseignement patristique de Saint Grégoire Palamas, sont les suivantes :
- Dans chacune des propositions ci-dessus, il est souligné que cet enseignement est conforme à la théologie divinement inspirée des Saints et à l’esprit de l’Église.
Le Synode de 1351 est un Synode Œcuménique
Dans un article relativement récent, un métropolite de l’Église de Grèce (nouveau calendrier), abordant le phénomène douloureux d’une « hérésie naissante » au sein de l’Église [du Nouveau Calendrier], estime que le Synode de 1351 est le neuvième Synode Œcuménique et « mérite d’être compté parmi les Synodes Œcuméniques de l’Eglise Orthodoxe, auxquels il n’est en rien inférieur en ce qui concerne la signification sotériologique de sa théologie. Ce Synode est la preuve de la continuité de la conciliarité de l’Eglise Orthodoxe, de son expérience vivante et de sa théologie concernant le salut en Christ ».
Cette affirmation concernant le neuvième Synode Œcuménique a été exprimée dès le XIVᵉ ou le XVᵉ siècle par le métropolite Néilos de Rhodes (faisant particulièrement référence au Synode de 1341). Plus récemment, de grands théologiens, tels que feu le Père Jean Romanidès et ceux qui suivent son école de pensée – le Père Georges Metallinos, le Père Hiérothée Vlachos (actuel métropolite de Naupacte), le Père Athanase Jevtić (aujourd’hui évêque), et d’autres – ont affirmé et affirment encore ce point de vue. Dans la mesure où ces Conciles furent convoqués par décrets impériaux, tenus en présence des empereurs et avec leur participation ; qu’ils traitèrent de questions dogmatiques et non canoniques, de questions touchant directement au salut et non de sujets théoriques ; qu’ils ajoutèrent leurs conclusions au « Synodikon de l’Orthodoxie » et promulguèrent leurs décisions avec force obligatoire pour l’ensemble de l’Église, qui en réalité les approuva : ils sont très clairement de nature œcuménique.
Une proclamation officielle du huitième Synode sous Saint Photius le Grand et du neuvième Synode sous Saint Grégoire Palamas en tant que Synodes Œcuméniques arrive au bon moment et est clairement l’expression de la Volonté de Dieu. La condamnation des anti-hésychastes « latinisants » du XIVᵉ siècle peut être étendue aux esprits latinophiles et contre « l’Église latine », qui jusqu’à ce jour soutient les enseignements barlaamites et autres doctrines anti-hésychastes, ainsi que toutes les erreurs et hérésies qui y sont directement ou indirectement liées.
La victoire sur Barlaam fut une victoire sur l’Occident, dont il était le représentant, et sur le latinisme ; la condamnation de Barlaam fut une condamnation de « l’Église latine elle-même », laquelle est également anathématisée par le « Synodikon de l’Orthodoxie ».
Le Saint nous indique la voie conciliaire comme la seule appropriée pour résoudre définitivement les questions controversées et, en particulier, pour corriger les enseignements hétérodoxes dans l’Église. Par ce moyen, la Vérité est attestée et confessée sur la base du critère de la Tradition orthodoxe, et ceux qui s’en écartent sont appelés à la repentance ou retranchés du Corps de l’Église, afin, d’une part, de mettre fin aux troubles et de ramener la paix au sein du Corps de l’Église, et, d’autre part, que la Foi soit clarifiée et que l’amour de la Vérité brille et triomphe.
Puissent les caractéristiques de l’hésychasme ne pas se perdre, du moins parmi tous ceux qui représentent la conscience de l’Église, au milieu de la grande apostasie de notre époque. Que ces critères servent de base à une proclamation officielle des huitième et neuvième Synodes Œcuméniques, comme témoignage de vérité et d’espérance, et pour la condamnation de toute fausse doctrine. Amen !
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[1]. Timothy Ware, The Orthodox Church (Baltimore: Penguin Books, 1963), 26. La traduction en français provient de l’édition de 1968, publiée chez Desclée de Brouwer.
[2]. Pavlos Menebisoglou, Metropolitan of Sweden, Ἱστορικὴ Εἰσαγωγὴ εἰς τοὺς Κανόνας τῆς Ὀρθοδόξου Ἐκκλησίας [Historical Introduction to the Canons of the Orthodox Church] (Stockholm: 1990), p. 494; cf. Blasios I. Pheidas, Ἐκκλησιαστικὴ Ἱστορία [Church History] (Athens: 1972), Vol. II, pp. 102-131.
[3]. Archbishop Chrysostomos (Papadopoulos), The Primacy of the Bishop of Rome (Tὸ Πρωτεῖον τοῦ Ἐπισκόπου Ρώμης) (Athens: Ekklesia 1964),198.
[4]. Church of the Genuine Orthodox Christians of Greece, "Saint Photios the Great and the
Eighth OEcumenical Synod Patristic Conciliarity and Papism," accessed February 16th, 2023, https://www.imoph.org/pdfs/2011/11/25/E20111125aOreon-Omilia3NHier2011%20Folder/E20111125aOreon-Omilia3NHier2011.pdf
[5] Harrison, Subdeacon Nektarios & Spanos, Maria. The Orthodox Patristic Witness. Florence: Uncut Mountain Press, 2023.
[6]. St. Nectarios, Μελέτη Ἱστορικὴ περὶ τῶν Αἰτίων τοῦ Σχίσματος, Vol. I, pp. 288-289.
[7]. Church of the Genuine Orthodox Christians of Greece, "Saint Photios the Great and the
Eighth OEcumenical Synod Patristic Conciliarity and Papism," accessed February 16th, 2023, https://www.imoph.org/pdfs/2011/11/25/E20111125aOreon-Omilia3NHier2011%20Folder/E20111125aOreon-Omilia3NHier2011.pdf
[8]. Hieromonk Atanasije, “Παράδοσις καὶ Ἀνανέωσις,” p. 195.
[9]. Church of the Genuine Orthodox Christians of Greece, "The Hesychastic Synods of the Fourteenth Century as the Ninth Œcumenical Synod of the Orthodox Church," accessed February 16th, 2023, https://www.imoph.org/pdfs/2012/12/05/E20121205aHsyxastSynodoi-11-12%20Folder/E20121205aHsyxastSynodoi-11-12.pdf
[1] NDT : Expression des Saints Pères du Désert exprimant le fait que l’Esprit Saint descend sur ceux qui se donnent et se sacrifient entièrement.
[2] NDT : Sorte de premier Ministre
[3] NDT : Manifeste officiel par lequel l’Eglise Orthodoxe approuva la doctrine de St Grégoire Palamas
Le secret du Notre Père et la thérapeutique de l’Eglise
Dionisiou A. Makri, Comment Dieu parle, éditions Agathos Logos, 2014, p.215-219
Traduit par Soeur Euphrosyne
« Tu n’es pas schizophrène…Le malin te tourmente. »
Le Père spirituel d’Alexia lui recommanda de se rendre à Agrafa afin d’y rencontrer un Ancien à la personnalité fort agréable. Suivant son conseil, elle s’y rendit en compagnie de sa mère et d’une de ses amies. Parvenues non sans difficultés dans cette région impraticable, elles allèrent à l’église de la Toute-Sainte. A l’entrée, l’Ancien les accueillit avec un large sourire. Elles vénérèrent les saintes icônes et allumèrent quelques cierges. L’Ancien les observait. Alexia lui dit : « Mon Père, je ne vais pas bien : les médecins soutiennent que je suis folle, schizophrène ! Mais ce sont des mensonges. C’est sûrement quelque chose d’autre qui me pousse à agir de manière étrange.
— Ma fille, tu n’es pas schizophrène comme le disent les médecins : le malin te tourmente. Il a trouvé une faille et s’y est glissé. Mais prends patience, il ne va pas rester longtemps. Je l’ai vu se moquer lorsqu’on embrassait les icônes. N’aie pas peur, le Christ et la Toute-Sainte ne t’ont pas abandonnée, tu vas rapidement te rétablir.
— Mais Géronda, intervint alors Madame Koula, la mère d’Alexia, les médecins ont insisté sur la nécessité d’hospitaliser Alexia pour qu’elle guérisse.
— Le Christ, ma bonne femme, est le médecin des âmes. Nous oublions combien, combien de miracles Il fait tous les jours ! Il va bientôt rendre la santé à ta fille !
— Et comment cela va-t-il se passer ? Peut-être va-t-il lui donner quelques médicaments ? demanda Antonia, l’amie d’Alexia, en bondissant.
— « L’antibiotique » de l’Eglise, c’est la confession régulière, ses « calmants », la participation à la Divine Communion, et les « vitamines » qui aident au rétablissement, c’est la fréquente prière de tous les jours ! Tels sont les plus puissants « médicaments », de notre Sainte Orthodoxie qui mettent en déroute les « virus », et surtout les ennemis du bien qui capturent les âmes.
— La ferme, sale prêtre ! Tais-toi ou je te démolis. Je vais te briser en mille morceaux ! » dit alors d’une voix altérée Alexia, qui grimaçait et poussait des gémissements.
L’Ancien enleva immédiatement la croix en bois qu’il portait, et commença à en signer la tête de la jeune fille possédée. Il fit signe à Monsieur Nikos de rentrer dans l’église. Alexia hurlait. Les deux femmes n’avaient jamais constaté un tel comportement de sa part, et sa mère lui reprochait de parler ainsi de manière inadmissible au prêtre. Alors le démon commença à l’injurier et à énumérer des griefs à son encontre. Complètement interloquée, elle se mit à pleurer. Le prêtre lui fit signe de se taire, puis, avec dévotion, il pénétra dans le Saint Autel, baisa la Sainte Table, mit son étole, et s’agenouillant devant l’icône de la Toute-Sainte, il chuchota pendant une dizaine de minutes, donnant l’impression de dialoguer avec Elle. Ensuite il lut des prières du livre de prières. Durant tout ce temps, Alexia poussait de profonds gémissements et insultait le père. Un véritable combat se menait, les démons se manifestaient et se mirent à rapporter des éléments de la vie de la jeune fille.
« Ah ! La vieille garce ! Plusieurs fois j’ai tenté de l’envoyer dans le ravin tandis qu’elle conduisait, ou de jeter sur elle une voiture à contre-sens. Mais je ne pouvais pas lui faire de mal car elle m’en empêchait avec son Notre Père », grogna le démon.
Alors une autre voix, différente de la première – probablement celle d’un autre démon – se fit
brusquement entendre :
« Qu’est-ce que tu gueules, espèce d’idiot ! Tu révèles le secret du cureton, et maintenant elle
va le dire aux autres conducteurs et ils vont se protéger ! Oh là là, quels dégâts tu as fait,
insensé ! Maintenant on va voir comment tu vas te débrouiller devant le chef (sûrement
Lucifer). Allons, partons ! Je vois venir Cosmas et Athanase, avec Séraphim et Eugène (il
parlait des saints), et nous allons manger du bois. Et voici aussi Marie (notre Toute-Sainte)
qui arrive. »
À ce moment se fit entendre un bruit assourdissant, pareil à un coup de foudre, et la jeune fille
s’écroula à terre. Sa mère pleurait, tandis que son amie, terrorisée, s’était recroquevillée dans un coin. L’Ancien prit un peu d’huile de la veilleuse de la Mère de Dieu et en signa le visage et les mains d’Alexia. Il lui donna ensuite la main et elle se releva.
***
C’est initialement Monsieur Nikos – un homme exceptionnellement humble, de Karditsa, qui avait l’habitude de venir à Agrafa et d’aider le prêtre en tant que chantre – qui m’a relaté cet événement, exactement comme il l’avait vécu, avec tous ces détails. Le prêtre m’a également tout confirmé, lorsque je lui ai demandé de m’expliquer pourquoi il recommandait aux conducteurs de réciter le Notre Père. Il conseille en effet à tous ceux qui conduisent de ne pas prendre le volant avant de l’avoir dit !
« C’est bouleversant ce qui est arrivé ! Eh bien ! Combien de choses nous ignorons à propos de notre vivante foi ! … Et la jeune fille, qu’est-elle devenue ? » demanda Sofia, légèrement angoissée.
Dès la première lecture de prières, il y a eu une amélioration flagrante. Elle a eu néanmoins besoin de continuer la « thérapie » à « l’hôpital » d’Agrafa, pendant quelques jours encore, afin que le champ de son âme soit purifié de toutes ses ronces. Aujourd’hui cela fait exactement un an que je la connais, depuis la fête du Saint-Esprit. Je peux vous affirmer qu’elle est complètement libérée des liens du malin. Elle a pris conscience de ses fautes, des failles qui ont laissé la porte ouverte aux esprits du mal, et avec la confession, l’assistance régulière aux offices, la Sainte Communion et la prière, elle a échappé à leurs filets.
Cependant ce n’est pas plus mal de prier Dieu qu’Il garde bien Alexia, car grâce à son histoire nous avons appris un grand secret : pourquoi le Notre Père protège non seulement la voiture, mais sauve aussi des vies, au sens littéral du terme !